Metteur en scène, acteur-marionnettiste, directeur de théâtre, dramaturge et enseignant polonais. D’abord dessinateur collaborant à des publications satiriques (1945-1948), Jan Wilkowski étudia en 1948-1951 à la Szkoła Dramatyczna Teatru Lalek (École du Théâtre de Marionnettes) de Varsovie, dirigée par Janina Kilian-Stanisławska au Théâtre Niebieskie Migdały (voir Lalka). Il commença comme marionnettiste, en 1949, au Niebieskie Migdały. Après que celui-ci eut été rebaptisé Lalka (1950), il y travailla comme metteur en scène et directeur artistique (1951-1969).

Il acquit une certaine renommée avec Guignol w tarapatach (Guignol dans le Pétrin, 1956), écrit avec Leon Moszczyński, auquel participa Adam Kilian, avec Zaczarowany fortepian (Le Piano enchanté, 1957), mais surtout avec O Zwyrtale muzykancie czyli Jak się góral dostał do nieba (Zwyrtala le Musicien ou comment le Montagnard alla au Ciel, 1959) qu’il adapta d’après Kazimierz Przerwa-Tetmajer.

Dans Guignol, où il tenait le rôle du marionnettiste ambulant, Jean de Paris, il adopta l’idée du théâtre dans le théâtre, matérialisée par la présence simultanée de l’acteur-manipulateur et de la marionnette, appliquant un principe brechtien au guignol classique, lequel accédait, par là, au statut de dénonciateur des dangers que l’argent et le pouvoir font courir à l’homme. Zaczarowany fortepian explorait le pouvoir du langage métaphorique sur les enfants. O Zwyrtale muzykancie, le meilleur spectacle de la marionnette universelle selon Harro Siegel, était la transposition artistique de l’imagination et de la philosophie populaires, issues de l’art des montagnards polonais, et, particulièrement, de la peinture sur verre.

Après son départ du Lalka, Wilkowski travailla comme metteur en scène au théâtre Guliwer de Varsovie et au Białostocki Teatr Lalek (Théâtre de Marionnettes de Białystok). Il fut l’un des fondateurs, puis le doyen de la Faculté de Marionnettes de Białystok de l’Académie de Théâtre de Varsovie, Akademia Teatralna w Białymstoku, où il forma les jeunes générations de marionnettistes qui reconnaitraient en lui un maitre. Sporadiquement, il réalisa des mises en scène dans d’autres théâtres polonais ainsi qu’à Cuba ou aux États-Unis. Dès les années 1970, il était devenu une légende de la marionnette.

Le retour de Wilkowski à la mise en scène, dans les années quatre-vingt, confirma sa réputation et son autorité chez les marionnettistes. Il créa Rzecz o Jędrzeju Wowrze (L’Histoire de Jędrzej Wowro, 1983), composé de Spowiedź w drewnie (Confession en Bois) de Wilkowski et de Żywoty świętych (Vies de Saints) d’après Jędrzej Wowro (un fermier analphabète et sculpteur autodidacte qui acquit, grâce à cet art, une reconnaissance nationale) au théâtre de marionnettes Pleciuga, Teatr Lalek Pleciuga, de Szczecin et remporta, avec ce spectacle, le grand prix du festival d’Opole. Au Théâtre de marionnettes de Białystok, il créa Zielona Gęś (L’Oie verte, 1984) et Decameron 8,5 (1986). Ces spectacles sophistiqués pour adultes employaient des figures sculptées (Spowiedź), des masques (Żywoty), des objets animés (Zielona Gęś) et des techniques mixtes (Decameron 8,5) démontrant la richesse du langage artistique de Wilkowski et la portée universelle de son théâtre.

Son œuvre littéraire, commencée dès ses débuts au théâtre, est abondante : une cinquantaine de pièces ou scénarios pour marionnettes, dont la série des aventures de l’ours en peluche Tymoteusz Rymcimci, le jouet qui observe la vie des adultes et, dans le registre sérieux, Spowiedź w drewnie, dialogue émouvant entre l’artiste populaire – un créateur, Jędrzej Wowro, et ses sculptures – figures naïves de saints, une des plus grandes œuvres de la dramaturgie polonaise pour le théâtre de marionnettes.

Plusieurs séries télévisées polonaises sont liées au nom de Wilkowski auteur, acteur et producteur (voir Télévision) : Teatrzyk w koszu (Théâtre à la Corbeille, 1958-1965), Ula z Ib (Ula d’Ib, 1964-1965), Ula z Ilb (Ula d’Ilb, 1965-1966), Ula i świat (Ula et le Monde, 1966-1968), Przygody skrzata Dzięcielinka (Aventures de Feuille de Trèfle, 1969-1972), Karampuk (1977).

(Voir Pologne.)

Bibliographie

  • Jurkowski, Henryk. “Wspomnienia o Janie Wilkowskim” [Souvenir de Jan Wilkowski]. Teatr. Nos. 3 and 4. Warszawa, 1998.
  • Jurkowski, Henryk. Métamorphoses. La Marionnette au XXe siècle. Charleville-Mézières: Éditions de l’Institut international de la Marionnette, 2000. Seconde édition révisée et actualisée. “La Main qui parle” séries. Montpellier: L’Entretemps/Éditions de l’Institut international de la Marionnette, 2008.
  • Waszkiel, Marek. Jan Wilkowski. Dokumentacja działalności [Jan Wilkowski. Documentation sur son Activité]. “Lalkarze. Materiały do biografii” series. Ed. M. Waszkiel. Vol. 7. Łódź, 1995 (comprenant une bibliographie).
  • Waszkiel, Marek. Dzieje teatru lalek w Polsce, 1944-2000 [Histoire du Théâtre de Marionnettes en Pologne, 1944-2000]. Warszawa: Akademia Teatralna im. Aleksandra Zelwerowicza, 2012.[S]