Association créée à Prague en 1929, initialement sous le nom d’Union internationale des marionnettistes, dans le but de promouvoir les arts de la marionnette ; son nom actuel a été adopté en 1969. L’Union internationale de la marionnette est une organisation non gouvernementale (ONG) en relation opérationnelle avec l’Unesco depuis 1960. Elle rassemble, en 2005, soixante-huit centres nationaux dans le monde et son siège est à Charleville-Mézières (France). Cette association internationale a une longue histoire et fut précédée au début du XXe par plusieurs organisations de marionnettistes, amateurs et professionnels, en particulier en Tchécoslovaquie.
La fondation de l’UNIMA
L’idée de créer une organisation internationale, la première association à être issue du milieu théâtral, fit vite son chemin et fut soutenue par les marionnettistes les plus prestigieux de l’époque. Le 25 mai 1929 à Prague, dans la petite salle du Théâtre Říše loutek (Royaume des marionnettes, voir Umělecké Loutková Scéna Říše Loutek), sur proposition du journaliste et auteur français Paul Jeanne, l’Union internationale des marionnettistes tint son congrès fondateur en présence de participants venus de onze pays. Justin Godart, ancien sénateur, fut nommé président d’honneur, Jindřich Veselý, président, et Karel Slanski, secrétaire général. Le siège fut établi à Prague, l’Institut Masaryk fournit les locaux et le soutien logistique, tandis que les langues de travail étaient le tchèque, l’allemand et le français. Suivirent trois autres congrès et une dernière apparition du théâtre de marionnettes à l’Exposition universelle à Paris de 1937, avant le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale. L’un des principes constitutifs principaux de l’UNIMA fut d’emblée défini: rejetant l’idée de corporation, l’organisation devait être ouverte non seulement aux marionnettistes mais aussi à tous ceux qui s’intéressaient activement à la marionnette. Dès l’origine, la moitié des fondateurs provenait en effet d’autres professions.
Renaissance après la Deuxième Guerre mondiale
C’est dans un contexte politique radicalement nouveau que les artistes reprirent leur activité après la guerre. En Europe orientale, dans la réorganisation du secteur culturel par les régimes socialistes (création de théâtres fixes et de troupes permanentes, pourvus de moyens techniques et financiers adéquats), le théâtre de marionnettes trouva une place de choix, tandis que dans les démocraties occidentales, l’initiative privée et individuelle prit un nouvel essor. Le besoin de relancer des initiatives internationales et de renouer les contacts entre l’Est et l’Ouest se fit sentir. En mars 1957, eut lieu à Braunschweig, avec l’aide de la municipalité, la première Semaine de la marionnette européenne sur l’initiative de Harro Siegel. Jan Malík, secrétaire général de l’UNIMA depuis le dernier congrès d’avant-guerre (Ljubljana, 1933), y participa et y convoqua le cinquième congrès. Soutenu par les marionnettistes tchèques, dont Eric Kolár, cet appel eut un large écho non seulement auprès des anciens membres fondateurs mais aussi parmi les marionnettistes du monde entier puisque y participèrent des artistes venus de dix-sept pays parmi lesquels les États-Unis, l’Inde, l’Indonésie, la Mongolie, la Corée du Nord et le Viêt-nam. Le cinquième congrès de l’UNIMA s’ouvrit ainsi à Prague en décembre 1957. Le premier « Présidium de travail », élu à main levée, comprenait Meher Rustom Contractor (Inde), Ch. Genthe (RDA), Joszef Molnar (Hongrie), Jan Malik (secrétaire général), Margareta Niculescu (Roumanie), Milka Natcheva (Bulgarie), Hans Richard Purschke (RFA), Jože Pengov (Yougoslavie), Henryk Ryl (Pologne), Lenora Chpet (URSS), Jean-Loup Temporal (France). Max Jacob (RFA) fut élu président (fonction qu’il exerça jusqu’en 1968), Jan Malik fut réélu secrétaire général (jusqu’en 1972 où il fut nommé président d’honneur) tandis que Sergueï Obraztsov, et Vittorio Podrecca, prenaient les deux vice-présidences. De jeunes artistes, élus à des postes de responsabilité, apportèrent un dynamisme particulier, des idées et des méthodes de travail nouvelles, et l’organisation connut un nouveau tournant.
Sur proposition de Margareta Niculescu, le 6e congrès eut lieu cinq mois plus tard, en mai 1958 à Bucarest, dans le cadre du premier Festival international des théâtres de marionnettes, organisé par le ministère de la Culture et l’UNIMA-Roumanie. Fait nouveau, pour respecter l’équilibre politique et dissiper une certaine méfiance due au contexte de la Guerre froide, trois listes furent soumises au vote (pays de l’Est, de l’Ouest et neutres). Un nouveau Présidium fut élu, le siège étant maintenu à Prague. Pendant deux semaines, vingt-neuf artistes solistes et compagnies professionnelles présentèrent leurs spectacles dans des salles équipées à cet effet. Venus de trente et un pays d’Europe, d’Amérique du Nord et du Sud, et d’Asie, près de huit cents marionnettistes, journalistes, poètes, musiciens, artistes en tout genre, participèrent aux manifestations. Le fait de lier le congrès à un festival, à des expositions et à des conférences devint l’usage, des ateliers de formation s’y ajoutant plus tard.
Les congrès successifs – Bochum-Braunschweig (1960), Varsovie (sur l’initiative de Henryk Jurkowski, 1962), Munich (proposé par Ludwig Kraft, 1966), apportèrent leur pierre à l’édifice, l’expérience acquise jouant chaque fois en faveur d’une évolution constante. La publication en 1965 par les éditions Henschel de Leipzig, sous la responsabilité rédactionnelle de Margareta Niculescu de Marionnettes du monde entier, fut la première étape dans l’activité éditoriale de l’UNIMA.
Le développement dans les années 1970 et 1980
Le 11e Congrès, organisé en 1972 à Charleville-Mézières, fut suivi d’une décentralisation des actions qui devaient désormais s’appuyer sur les idées et les initiatives des centres nationaux, pièces maîtresses dans la politique générale de diversification. Les congrès devaient dès lors se tenir tous les quatre ans et le Comité exécutif être composé de dix-huit membres. Henryk Jurkowski succéda à Jan Malik au secrétariat général et le siège de l’UNIMA fut transféré à Varsovie. Dans le but d’améliorer la communication, Unima-informations, publication annuelle en français et en anglais, fut lancé, et la version intégrale des nouveaux statuts fut imprimée avec l’aide de Michael Meschke. Premier président de la commission de recherche, ce dernier élabora et publia également, avec l’assistance du chercheur et pédagogue polonais Marek Waszkiel, l’annuaire international des chercheurs dans les arts de la marionnette. Une commission des publications fut aussi créée sous la présidence de Deszö Szilágyi. À partir du 12e congrès, en 1976 à Moscou, la diversification se poursuivit. Avec les transformations du théâtre de marionnettes pratiqué par un nombre croissant d’artistes, l’extension des répertoires et l’apparition de nouvelles tendances esthétiques, les questions de la formation et de l’enseignement furent confiées à une commission (présidée par Margareta Niculescu de 1976 à 2000) travaillant en étroite collaboration avec l’Institut international de la marionnette (IIM) fondé en 1980 (voir aussi Formation). Une commission du tiers monde fut également instituée.
Avec le 13e congrès, tenu à Washington en 1980, l’UNIMA quitta ainsi l’Europe pour la première fois. Cette réunion, due à l’UNIMA-USA présidée par Jim Henson, fut marquée par la participation de près de mille cinq cents marionnettistes venus de quarante-huit pays – avec une présence marquée de l’Amérique latine. Le festival organisé à cette occasion, dirigé par Nancy Lohman Staub, permit de découvrir des univers artistiques jusque-là méconnus. Trente-quatre compagnies de vingt pays d’Europe, d’Asie, d’Amérique du Nord et du Sud, d’Afrique et d’Australie, y présentèrent leurs créations et de nombreuses expositions furent organisées, ainsi que des ateliers de formation et des conférences. Sergei Obraztsov fut réélu président et Jacques Félix devint secrétaire général (jusqu’en 2000). Enfin, le siège de l’organisation fut transféré à Charleville-Mézières. L’UNIMA renoua les relations avec l’UNESCO, obtenant le statut d’ONG (organisation non gouvernementale) et adhérant aux principes de solidarité internationale et de diversité culturelle.
L’évolution depuis les années quatre-vingt
Entre le 14e congrès (Dresde) en 1984 et le 19e congrès en 2004 à Rijeka-Opatija (Croatie), plusieurs réformes furent entreprises : le Conseil (composé des délégués des centres nationaux et de dix conseillers supplémentaires élus par le Congrès) devint le seul organe mandaté à exercer le droit de vote ; des contacts de plus en plus soutenus furent établis avec les centres nationaux ; la communication se diversifia avec la publication du Courrier de l’Unima (quatre numéros par an en français, anglais et espagnol) et de E pur si muove (2002), premier magazine annuel, en français, anglais et espagnol ; la Journée mondiale de la marionnette fut fixée chaque année au 21 mars ; de nouvelles commissions thématiques et régionales furent créées. Aujourd’hui, l’organisation compte huit commissions thématiques – formation et enseignement, recherche scientifique, festivals, échanges culturels, éducation, statuts, publications et communication, recherche de finances) – et quatre commissions régionales – Asie-Pacifique, Amérique du Nord, Amérique latine, Europe. Enfin, l’UNIMA fut chargée par l’UNESCO de l’expertise des dossiers relatifs au classement de chefs-d’œuvre du Patrimoine oral et immatériel de l’humanité concernant la marionnette. Furent ainsi classés les pupi siciliani (Italie, 2001), le wayang (Indonésie, 2003) ainsi que le ningyô joruri-bunraku (Japon, 2003), suivis en 2005, du théâtre khmer sbek thom ainsi que des géants et dragons processionnels de Belgique et de France.
Le 19e Congrès tenu à Opatia-Rijeka (Croatie) en 2004, a élu Massimo Schuster comme président et Miguel Arreche au poste de secrétaire général. Au cours de ces deux derniers mandats, la priorité des dirigeants de l’UNIMA est donnée à la poursuite du projet de l’Encyclopédie mondiale des arts de la marionnette. Au 20e Congrès qui a eu lieu à Perth, en Australie, en avril 2008, l’Assemblée élit, pour la première fois de son histoire, deux non-européens pour diriger les destinées de l’UNIMA: le président Dadi Pudumjee (Inde) et le secrétaire général Jacques Trudeau (Canada). Ils conduiront les travaux de l’Encyclopédie jusqu’à sa publication le 25 septembre 2009 en version française éditée par l’Entretemps. De même, en septembre 2009, le comité exécutif approuve une proposition du secrétaire général qui alloue un montant d’argent à chacune des commissions de travail de l’UNIMA. Cette nouvelle politique s’avère fructueuse. Au cours des années suivantes, de nouvelles bourses ont été créées, des répertoires ont été actualisés, incluant le répertoire des festivals internationaux de l’UNIMA, celui des chercheurs et celui des écoles de formation de la marionnette.
En juin 2010, la réunion du Conseil de l’UNIMA a été tenue à Dordrecht (Pays-Bas). À partir de 2010, les projets principaux de l’UNIMA incluent les versions anglaise et espagnole de l’Encyclopédie ainsi qu’une adaptation pour le web (en 2016 dans les trois langues officielles de l’UNIMA). Le site Internet de l’UNIMA a été complètement revampé en avril 2014 afin d’offrir à l’organisation une plateforme dynamique et constamment actualisée.
Le 21e Congrès a été tenu à Chengdu (Chine) fin mai-début juin 2012, organisé par la jeune UNIMA Chine. Dadi Pudumjee et Jacques Trudeau ont été réélu à l’unanimité respectivement président et secrétaire général.
la réunion du Conseil de l’UNIMA a été tenue, en 2014, à Varadero (Cuba). Le 22e Congrès se tiendra à Tolosa/San Sebastián (Espagne), du 30 mai au 3 juin 2016. Un nouveau comité exécutif sera élu et poursuivra sa lancée et ses objectifs afin que l’art de la marionnette soit de plus en plus reconnu à l’aube de ses 90 ans d’existence que l’UNIMA fêtera le 20 mai 2019.
L’UNIMA est actuellement présente dans 99 pays sur les 5 continents. Ses 16 commissions de travail sont : Coopération, Échanges culturels, Éducation-développement-thérapie, Préservation du patrimoine, Formation professionnelle, Festivals internationaux, Publication-Communication, Recherche, Statuts, Développement stratégique, Femmes, Afrique, Asie-Pacifique, Europe, Amérique du Nord, Amérique latine.