Comédien et marionnettiste français. Yves Joly débuta en 1936 au sein des Comédiens routiers dont il fit la connaissance par Olivier Hussenot. Il joua, travailla le masque aux côtés de Jean Dasté, fabriqua les décors ainsi que les accessoires. Sa passion pour la marionnette lui vint en 1937 en découvrant Faust par le marionnettiste allemand Max Jacob à l’Exposition universelle ; il créa sa première marionnette pour Histoire du tailleur Petitfil, un spectacle pour enfants. En 1937, il épousa Hélène Charbonnier, fidèle collaboratrice des Comédiens routiers. En 1939, il fut fait prisonnier : officiant dans un Oflag, il donna vie à des figures faites de chiffons et de masques à gaz.

En 1941, il anima un camp d’initiation à l’art dramatique et aux marionnettes, en 1942 il dirigea des stages de marionnettes à Périgueux avec G. Grozes : l’expérience aboutit à la création du Théâtre du Berger qui sillonna alors le Massif central. Durant ces deux années, il joua à Paris, dans les spectacles pour enfants de la compagnie Grenier-Hussenot. Réquisitionné pour le service du travail obligatoire en 1943, il prit le maquis. À la Libération, il fut nommé instructeur spécialisé d’art dramatique et dirigea des cours jusqu’en 1955. Installé à Périgueux, il créa avec P. Parsuis un spectacle pour enfants L’Arche de Noé (avec d’énormes poupées utilisant les techniques du masque), puis fonda – avec son épouse, Dominique Gimet et Georges Tournaire – les Marionnettes Yves Joly. La troupe créa La Fille à l’anneau d’or en manipulation à vue, vinrent ensuite : Polka dans l’île, La Malle à malices, Documentaire, Bristol. Progressivement, Yves Joly supprima le décor pour que la marionnette soit un authentique support de jeu. Il est un des premiers à l’avoir fait évoluer sur fond noir, avec pour idées majeures un volume et une couleur.

En 1948, la troupe remporta le concours des jeunes compagnies théâtrales ex aequo avec Hubert Gignoux, non sans difficultés pour le jury. En 1949, elle se produisit au cabaret Rose Rouge avec des numéros exécutés à mains nues ou gantées (Ivresses, Jeux de cartes, Les Mains seules) ; les noctambules furent éblouis par le déploiement de mondes imaginaires, où de simples objets devenaient métaphores (Ombrelles et parapluies). Yves Joly créa également des formes insolites en stylisant à l’extrême l’utilisation de silhouettes de papier découpées, animées sans l’intermédiaire de l’écran. Ainsi, Le Théâtre de papier condense en deux tableaux – Bristol et La Tragédie de papier – la destinée de l’homme, de sa création à sa disparition dans le néant ; le duel métaphysique entre deux personnages s’effectuant par des coups de ciseaux ou par le feu (voir aussi Formage). Sur un mode plus léger, les personnages de La Noce sont faits de tubes cartonnés habillés de quelques traits. La troupe mena d’importantes tournées (Amérique du Nord et du Sud) et reçut le Prix d’originalité et de fantaisie au Festival mondial de Bucarest en 1958.

Cette même année, Yves Joly présida le Syndicat national des marionnettistes professionnels qui adhéra à la Fédération nationale du spectacle et qui, en 1959, obtint la création d’une saison internationale de la marionnette dans le cadre du Théâtre des Nations. Dans les années cinquante, il réalisa également une vingtaine de courts métrages d’animation pour la publicité.

Au sein de la troupe, D. Gimet et G. Tournaire furent remplacés par les enfants Joly puis, en 1964, Renée Citron entra dans la compagnie. En 1976, à la mort de son épouse, Yves Joly lui confia la troupe et arrêta sa carrière pour se consacrer à la peinture.

Un hommage public fut rendu en 2001 au Théâtre aux Mains nues à celui qu’on a surnommé « le Matisse du castelet ».

(Voir France.)

Bibliographie

  • Mignon, Paul-Louis. J’aime la marionnette, Lausanne : Éditions Rencontre, 1962, pp. 70-74.